ROMÉO ET JULIETTE, Rudolf Noureev

OPÉRA BASTILLE 15 représentations du 19 mars au 16 avril 2016. BALLET EN TROIS ACTES MUSIQUE.
Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet. DIRECTION MUSICALE  Simon Hewett. Orchestre de l’Opéra national de Paris.

Élevée au rang de mythe, la pièce la plus jouée de William Shakespeare – avec Hamlet – a dû attendre le XXe siècle pour être transposée en ballet. C’est Serguei Prokofiev qui, le premier, eut l’idée d’en écrire une partition, chorégraphiée par Leonid Lavrovski, en 1935. Son magnifique Roméo et Juliette inspira ensuite de multiples versions, dont celle de Kenneth MacMillan créée par Rudolf Noureev et Margot Fonteyn en 1965. Inscrite au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris en 1984, celle de Rudolf Noureev reprend en grande partie le ballet qu’il avait créé à Londres en 1977. Suivant scrupuleusement la partition de Serguei Prokofiev, elle-même fidèle au drame de Shakespeare, le chorégraphe a étoffé le rôle de Roméo, « jeune garçon qui devient homme » disait-il, face à une Juliette passionnée qui, à peine sortie de l’enfance, entre elle aussi tragiquement dans l’âge adulte. Dans les somptueux décors et costumes d’Ezio Frigerio et Mauro Pagano inspirés de la Renaissance italienne, il parvient à rendre le raffinement et la sensualité du drame élisabéthain, mais aussi toute sa cruauté. Sur scène, la mort rôde, comme omniprésente, entre les deux familles dont la haine va entraîner le sacrifice de cette passion amoureuse et juvénile. Jouant sur la symbolique des couleurs et les différents leitmotive de la partition, il en fait une tragédie historique et flamboyante.

« Je suis convaincu que la Vérone de la Renaissance et le Londres élisabétain avaient en commun le sexe et la violence. Ce qui les rapproche singulièrement de notre époque. » – Rudolf Noureev

ROMÉO ET JULIETTE Rudolf Noureev 

Les origines historiques de Roméo et Juliette ne sont pas certaines, même si les deux familles des Montaigu et des Capulet sont citées par Dante dans son Purgatoire (1318) : «Viens donc voir Montecchi et Cappelletti – Ceux-là défaits et ceux-là pleins d’angoisse». L’histoire de Roméo et Juliette est plutôt un «effet de la littérature». Déjà, dans les Métamorphoses d’Ovide (1er siècle av. J.-C.), on trouve avec Pyrame et Thisbé l’amour contrarié par l’inimitié des pères et la fausse mort, provoquant le malentendu fatal. Ce thème est repris par Luigi da Porto dans son Histoire nouvellement retrouvée de deux nobles amants (1535) : il attribue aux jeunes amants les prénoms de Guilietta et de Romeo, et situe l’action à Vérone. Vingt ans après, Matteo Bandello popularise cette « love story » dans l’une de ses nouvelles, traduites et adaptées à l’étranger, et dont s’inspirera Shakespeare dans son Romeo and Juliet (1595). En homme de théâtre avisé, Shakespeare développe dans sa pièce  les rôles de la nourrice et de Mercutio, introduisant dans le drame des scènes de comédie, et crée le rôle noir de Tybalt, agent de la fatalité : c’est lui qui, en tuant Mercutio, déclenche la série des événements malheureux qui vont suivre. Moraliste, Shakespeare dresse un réquisitoire contre les querelles imbéciles des adultes anéantissant le bonheur de leurs enfants, et dénonce avec véhémence l’innocence sacrifiée à la haine. Poète enfin, il fait entendre le chant sublime de l’amour fou.

On trouve, en 1785, un premier ballet tiré du Roméo et Juliette de Shakespeare, dû au vénitien Eusebio Luzzi, mais, à part la tentative audacieuse de Bronislava Nijinska en 1926 – pour les Ballets Russes de Diaghilev – de moderniser le thème en le plaçant dans les coulisses d’un théâtre, il faut attendre 1934, à Leningrad, pour qu’un projet chorégraphique s’inspire à nouveau de Roméo et Juliette. Le livret en est confié à Serguei Radlov, metteur en scène spécialiste de Shakespeare (auteur très joué dans cette Union Soviétique qui vient de se constituer), et la partition musicale est commandée à Serguei Prokofiev. Lors d’une première audition de la partition, la musique est jugée difficile et «non dansante». Survient un différent au sujet du dénouement que les autorités soviétiques (soucieuses de «héros positifs») souhaiteraient voir se terminer en «happy end», et la production est arrêtée. Prokofiev se laisse alors convaincre par le Ballet de Brno (Tchécoslovaquie), et c’est cette compagnie qui créera finalement le ballet en 1938. Le succès est tel que le Kirov de Leningrad fera revenir le compositeur et présentera enfin, le 11 janvier 1940, le Roméo et Juliette de Prokofiev dans une chorégraphie de Leonid Lavroski. Ce ballet – dansé par Galina Oulanova et Constantin Sergueev – restera longtemps la version de référence. Par un effet de démultiplication, il va nourrir les diverses versions qu’en tireront, par la suite, les chorégraphes : de Frederick Ashton (1955) et Kenneth MacMillan (1965), à John Cranko (1958) et John Neumeier (1974), de Iouri Grigorovitch (1978) à Angelin Preljocaj (1990). L’Opéra de Paris présentera les chorégraphies de Serge Lifar (1955) avec Michel Renaud et Liane Daydé, de Iouri Grigorovitch (1978) avec Michaël Denard et Dominique Khalfouni et de John Cranko (1983) avec Michaël Denard et Noëlla Pontois avant que la production de Rudolf Noureev n’entre au répertoire en 1984.

Quand il écrit Roméo et Juliette (1934), Prokofiev a 43 ans. Il s’est fait connaître davantage à l’extérieur de son pays, en suivant dès 1914 Serge Diaghilev et ses Ballets Russes. Il est notamment célèbre aux Etats-Unis, où a lieu la première de son opéra L’Amour des trois oranges (Chicago – 1921). Roméo et Juliette est pour lui l’occasion de renouer avec sa patrie. Prokofiev attribue des thèmes aux personnages ou à leurs émotions, et il les insère dans un texture orchestrale puissante, avec exposition de leitmotiv, reprise et transformation. Le compositeur s’attache aussi à traduire la vérité psychologique des deux personnages principaux, dans les situations conflictuelles de leurs vies brèves et intenses.

« La musique de Prokofiev donne véritablement à voir : elle recèle des caractéristiques si claires et si vives qu’elles nous dictent l’expression et le sens de nos actions, de nos mouvements. Prokofiev nous disait toujours : “Faites ce que commande la musique” … Et si on me demandait maintenant comment doit être la musique d’un ballet sur Roméo et Juliette, je répondrais : seulement comme chez Prokofiev. » Galina Oulanova Créatrice du rôle de Juliette au Théâtre Kirov en 1940.

  • OPÉRA BASTILLE 15 représentations du 19 mars au 16 avril 2016
  • BALLET EN TROIS ACTES MUSIQUE
  • Serguei Prokofiev D’APRÈS   William Shakespeare
  • CHORÉGRAPHIE, MISE EN SCÈNE Rudolf Noureev (1984)
  • DÉCORS   Ezio Frigerio
  • COSTUMES   Ezio Frigerio, Mauro Pagano
  • LUMIÈRES   Vinicio Cheli
  • Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet
  • DIRECTION MUSICALE  Simon Hewett
  • Orchestre de l’Opéra national de Paris
  • DURÉE 3H avec 2 entractes

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ROMÉO ET JULIETTE, Rudolf Noureev
ROMÉO ET JULIETTE Rudolf Noureev © Julien Benhamou, Opera national de Paris, 2015.
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ROMÉO ET JULIETTE Rudolf Noureev © Julien Benhamou, Opera national de Paris, 2015.
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ROMÉO ET JULIETTE Rudolf Noureev © Julien Benhamou, Opera national de Paris, 2015.
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ROMÉO ET JULIETTE Rudolf Noureev © Julien Benhamou, Opera national de Paris, 2015.

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