Ouverture de la Collection Noureev au Centre national du costume de scène
Vingt ans après sa disparition, Rudolf Noureev demeure une légende. Le 19 octobre 2013, grâce au don important de la Fondation Noureev et à son aide précieuse, le Centre national du costume de scène aura le privilège d’ouvrir un espace permanent, lieu de mémoire, dédié à la Collection Noureev qui présente la carrière exceptionnelle et la vie unique de cette étoile de la danse.
Delphine Pinasa – Directrice du Centre national du costume de scène
Le Conseil d’administration du cncs est présidé par Thierry Le Roy, Conseiller d’État.
Président d’honneur, Christian Lacroix.
Delphine Pinasa, directrice ; Vincent Foray, administrateur.
La vie et la carrière de Rudolf Noureev furent à l’image de ses ballets : théâtrales et trépidantes. Le plus grand danseur du xxe siècle, avec Nijinski, connut une carrière fulgurante, devint une star internationale, fit évoluer les codes du ballet classique et lui redonna tout son éclat. Vingt ans après sa mort, Rudolf Noureev demeure une icône de la danse, un personnage légendaire au caractère fantasque et à la volonté indestructible.
L’enfance de Rudolf Noureev, né le 17 mars 1938 dans la province de Bachkirie, est précaire. Son père, militaire, est souvent absent et sa mère élève seule les trois filles ainées et son unique garçon. Très tôt, le jeune Rudolf manifeste un intérêt certain pour la musique. Alors qu’il assiste à la représentation du ballet Le chant des cigognes, il décide, à six
ans, qu’il sera danseur. Malgré l’interdiction paternelle, l’enfant suit des cours de danse, d’abord folklorique puis classique.
Face au potentiel prometteur du jeune élève, ses professeurs l’encouragent à poursuivre sa formation à l’école de Léningrad. Reçu au concours d’entrée en 1955, on lui prédit qu’il sera « soit […] un danseur extraordinaire, soit le modèle des ratés, et plus probablement le modèle des ratés. » En dépit de son retard certain, il devient, grâce à une volonté de fer et un talent unique, trois ans plus tard, soliste du Ballet du Théâtre de Kirov, première compagnie de danse en urss.
En 1961, Noureev danse pour la première fois sur la scène du Palais Garnier lors d’une tournée du Ballet de Kirov. Inquiet pour son avenir, il prend une décision irrévocable, celle de choisir l’exil et la liberté, et demande l’asile politique à la France. Sa défection lui attire les foudres des autorités russes qui n’auront de cesse de le condamner et déchaîne la chronique internationale qui se fait l’écho de cet évènement en pleine Guerre Froide. Une légende est née.
Le danseur apatride est alors engagé dans les Ballets du Marquis de Cuevas à Paris avant de s’envoler, l’année suivante, pour Copenhague étudier le style de Bournonville auprès d’Erik Bruhn. En 1962, il se produit avec la danseuse étoile Margot Fonteyn au Covent Garden de Londres pour la première fois. Magique et improbable (elle a 42 ans et lui 23), le duo au style harmonieux devient un couple mythique. Noureev danse en tant qu’artiste invité du Covent Garden jusqu’en 1977. Ce statut lui permet de monter sur les scènes du monde entier – Opéra de Rome, Opéra de Paris ou encore
la Scala de Milan – augmentant considérablement et durablement sa réputation. Son insatiable appétit pour la danse l’amène à se produire avec des dizaines de troupes (Australian Ballet, Ballet National du Canada, American Ballet Theater…) et à interpréter plus d’une centaine de rôles classiques et contemporains, dont plusieurs d’entre eux sont créés spécialement pour lui par des chorégraphes de renom : Ashton, Balanchine, Béjart, MacMillan…
Parallèlement à sa carrière de danseur, Noureev remonte les chorégraphies de Marius Petipa qu’il a appris au Kirov : Raymonda, Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant, Don Quichotte, Casse- Noisette… Au total, il aura chorégraphié quatorze ballets pour les plus grands théâtres du monde, dont plusieurs sont encore largement donnés aujourd’hui De 1983 à 1989, il occupe le poste de Directeur de la danse de l’Opéra de Paris. Fort de son expérience, il élargit le répertoire de la compagnie en programmant des oeuvres classiques, en créant ses propres ballets et en invitant de nombreux chorégraphes contemporains. A la fois encourageant et exigeant, il donne sa chance à une jeune génération d’artistes issus de l’Ecole de danse de l’Opéra. Ainsi, il contribue à redorer le blason de ce Ballet pour en faire l’un des meilleurs du monde. Par la suite, Noureev participe à la comédie musicale The King and I, s’essaie à la direction d’orchestre, tout en poursuivant son activité de chorégraphe. Bien qu’affaibli par la maladie, Noureev réalise son rêve : remonter La Bayadère pour le Ballet de l’Opéra de Paris. Le 8 octobre 1992, date de la première représentation de ce ballet, est la dernière apparition publique de Noureev. Il s’éteint le 6 janvier 1993 à l’âge de 54 ans. Inhumé au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, son tombeau, imaginé par son ami le décorateur Ezio Frigerio, est revêtu de mosaïque eprésentant un kilim recouvrant les malles de l’errance.
Sous le nom de « The Ballet Promotion Foundation », Rudolf Noureev crée sa fondation en 1975. D’abord destinée à aider sa famille restée en URSS, elle a également pour objet de soutenir des danseurs, des compagnies, des écoles de ballet ou encore l’organisation de spectacles. Après sa mort, elle devient, en 1994, The Rudolf Nureyev Foundation, gardant ces mêmes grandes missions. Des actions sont également prévues dans les champs médicaux, humanitaires et scientifiques. Enfin, l’établissement d’un lieu de mémoire dédié au danseur est assigné à la Fondation.
La Fondation Rudolf Noureev a choisi Moulins
Deux ans après l’ouverture du CNCS, la Fondation Rudolf Noureev fait don au musée d’ une partie des objets, mobiliers, peintures, costumes, textiles… ayant appartenu à Rudolf Noureev dont elle est dépositaire. Grâce à son soutien, un grand nombre de ces pièces prendront place dans les salles consacrées à cette Collection.
Commissariat scientifique et culturel
Centre national du costume de scène
Scénographie
Ezio Frigerio assisté de Giuliano Spinelli
![Ouverture de la Collection Noureev Ouverture de la Collection Noureev](http://www.danzaballet.com/wp-content/uploads/2013/09/2013-09-30_172224.jpg)