L’Opéra de Paris rend hommage à Yvette Chauviré

« La danse est une forme de foi, une espérance. C’est une aspiration, le besoin d’atteindre un univers, une atmosphère, un état qui vous fait progresser, la recherche d’une vérité. […] Il faut y aller. Aller vers un ailleurs. Par la lumière intérieure, rejoindre la lumière universelle. Il faut flotter. On ne peut commander cela. Plus exactement c’est une force invisible qui vous porte hors du lieu d’appui. C’est par une intense concentration, un don total de soi, une immense foi, que l’on flotte dans un univers invisible à l’œil nu, amis flamboyant dans l’exaltation artistique. »
Yvette Chauviré

Soirée hommage à yvette chauviré. Palais Garnier – le 22 avril 2017 à 20h00

Défilé du Ballet de l’Opéra national de Paris

Grand pas classique

Musique, Daniel-François E. Auber
Soliste femme, Myriam Ould-Braham
Soliste homme, Mathias Heymann

Les Mirages
Extrait
Musique, Henri Sauguet
L’Ombre, Amandine Albisson
Le jeune homme, Josua Hoffalt

La Mort du cygne
Musique, Camille Saint-Saëns
Le Cygne, Dorothée Gilbert

Suite en blanc
Extrait
Musique, Édouard Lalo
Adage-Femme, Ludmila Pagliero
Adage-Homme, Mathieu Ganio
La Flûte-Femme, Léonore Baulac
Adage La Flûte-Homme, Germain Louvet

L’Opéra de Paris rend hommage à Yvette Chauviré
Yvette Chauviré dans Grand Pas classique de Victor Gsovsky, ballet créé pour elle en 1949 © Houston Rogers

« Une petite mère » Par Noëlla Pontois, Danseuse Étoile

Il y a une anecdote à laquelle je repense souvent. Lorsque j’ai passé l’examen pour intégrer le Corps de Ballet de l’Opéra de Paris, Yvette Chauviré était dans le jury. Au moment du classement, alors qu’elle voulait me placer en tête des admis, un peu distraite, elle écrivit mon nom dans la liste des renvoyées. Elle était comme ça, Yvette Chauviré, un peu tête en l’air…

Plus tard, elle m’a transmis le rôle de Giselle. Jeune Étoile à l’époque, j’étais très intimidée. J’avais l’impression de redevenir débutante mais la passation s’est faite de manière très généreuse. Je garde le souvenir d’une expérience très enrichissante. Tout au long de ma carrière, elle n’a cessé de me conseiller et de m’aider. J’ai des souvenirs d’elle dans ma loge, après les représentations de Suite en blanc de Serge Lifar où elle me donnait des corrections sur ma coiffure, mes déplacements, mes ports de bras. C’était comme une petite mère. Elle était très attentive. J’avais l’impression de faire partie de sa famille. Elle reste la grande héritière du style Lifar. Et, à travers elle, j’ai pu hériter de ce style.

Elle avait un sens artistique très développé, un raffinement exceptionnel et une intensité rare. Un côté très charmant avec beaucoup d’allure mais aussi très drôle, entre Greta Garbo et Edwige Feuillère. Elle avait de l’humour et surtout de l’inspiration. Et, le plus important, elle inspirait les autres. Elle reste un exemple pour moi, en tant que personne mais surtout en tant qu’artiste.

Dans La Mort du cygne de Fokine, elle était merveilleuse. Tous les soirs, elle proposait quelque chose de différent mais toujours très émouvant et intelligent. Cette femme était inspirée, elle avait un instinct formidable et était arrivée à une telle connaissance de la danse qu’elle pouvait se permettre de modifier tous les soirs la chorégraphie.
Elle donnait quelque chose que beaucoup de gens ne peuvent pas donner. Lors des cours de style à l’Opéra, elle n’enseignait pas la technique mais l’artistique. La plupart du temps, nous n’arrivions pas à suivre. Mais elle laissait des traces. Il suffisait de la regarder.

« Une grande artiste » Par Cyril Atanassoff, Danseur Étoile

Pour moi, Yvette Chauviré, c’est Greta Garbo dans La Reine Christine. Elle était une actrice extraordinaire et pouvait camper tous les rôles, mêmes les rôles masculins. Grande comédienne, elle savait bouger et se déplacer sur scène. Elle parlait avec ses jambes. C’est elle qui m’a appris le Prince Albrecht mais également Les Mirages de Serge Lifar. Elle avait une vision de chaque personnage et tout ce qu’elle m’a montré des rôles masculins, je l’ai gardé. Une très forte complicité entre nous est née des Mirages. Dans ce ballet, l’homme veut se débarrasser de son ombre, de sa personnalité. Eh bien, Yvette Chauviré, qui jouait l’ombre, vous collait à la peau. C’était extraordinaire.

On lui a souvent reproché d’être égocentrique et coquette. Lors des cours de style qu’elle donnait à l’Opéra de Paris, les gens se plaignaient souvent car elle passait son temps à se regarder dans le miroir. Mais si elle se regardait dans la glace, c’était pour se perfectionner, pour embellir ses lignes. Grâce à son reflet, elle s’assurait qu’elle donnait une indication juste. Finalement, la transmission passait beaucoup par l’imitation. Il suffisait de la regarder et de reproduire. Je me souviendrai toujours de ses bras. C’était les ailes du cygne mais aussi la fragilité de Giselle.

Dans l’histoire de la danse, elle occupe la première place. Grande artiste, elle incarne la tradition française de l’Opéra de Paris. Elle était née pour la danse et restera dans la mémoire des balletomanes comme l’une des plus grandes danseuses du XXe siècle, si ce n’est l’ultime.

« Le raffinement de l’école française » Par Élisabeth Platel, Danseuse Étoile, Directrice de l’École de Danse

J’ai assisté aux adieux d’Yvette Chauviré dans Giselle en 1972, lorsque j’étais élève au Conservatoire de Paris. J’avais conscience de voir partir une grande Étoile. Elle dansait avec Cyril Atanassoff, que j’ai à mon tour eu comme partenaire dans le même ballet quelques années plus tard !

Lorsque je suis entrée dans la Compagnie, elle donnait des cours de style dans un tout petit studio… Je nous revois encore l’attendre solennellement, et puis elle arrivait, toujours très élégante… elle avait une présence incroyable. Je l’ai aussi beaucoup vue faire travailler Dominique Khalfouni, alors jeune Étoile, dans Le Lac des cygnes, Giselle… c’était merveilleux de la voir l’entraîner dans son sillage ! Plus tard, elle a supervisé ma prise de rôle des Mirages, avant que je m’inspire de l’interprétation de Nanon Thibon, plus proche de mon physique.

Enfin, j’ai eu le privilège de danser avec elle sur scène. Quand Rudolf Noureev est arrivé en 1983 à la tête du Ballet, il a souhaité qu’Yvette soit présente pour faire travailler les Étoiles lors de la création de Raymonda. Il trouvait anormal que cette femme extraordinaire reste chez elle, avec tout ce qu’elle avait à transmettre. Il lui a également confié le rôle de la Comtesse de Doris, et c’est à elle que j’ai offert les fleurs lors de la Première. Elle avait dansé avec Rudolf lorsqu’il était tout jeune danseur, et cette fois-ci c’était lui, avec toute sa générosité, qui lui rendait hommage.

Elle était si « pétillante », avec son profil gracieux, ce nez légèrement retroussé… Cette photo du Grand Pas classique d’Auber, où elle a un petit clin d’œil par en-dessous, c’était vraiment elle : la légèreté, l’humour, ce « marivaudage » très parisien… Ce qui ne l’empêchait pas d’être d’un lyrisme fabuleux et d’un dramatisme étonnant. Elle était enfin résolument « française », avec ses en-dehors particuliers, ce travail de pied typique de notre école. Un style qu’elle savait rendre royal, respectable, lumineux… Yvette Chauviré a apporté au Ballet un enseignement raffiné, profondément humain mais aussi très précis et exigeant, très musical évidemment. Et éminemment féminin.

L’Opéra de Paris rend hommage à Yvette Chauviré
YVETTE CHAUVIRÉ AUTOBIOGRAPHIE.1997, de Gérard Mannoni. Librairie de la Danse, collection dirigée par François Duplat.

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